Espaces publics, pratiques sociales et artisanales

Les thèmes de recherche sur les productions céramiques, la Crète ou la Grèce du Nord, détaillés plus haut, s’intéressent tout particulièrement aux pratiques collectives menées dans certains espaces publics tels que la nécropole ou le sanctuaire. C’est ainsi que plusieurs chercheurs se sont penchés sur l’analyse des procédés mis en place pour construire des identités sociales ou culturelles, plus spécifiquement dans les contextes funéraires. On citera, à titre d’exemples, la recherche de V. Saripanidi, qui s’appuie sur l’analyse contextuelle et diachronique des données funéraires afin d’examiner les structures sociopolitiques du Royaume de la Basse Macédoine pendant les périodes archaïque et classique. En parallèle, la recherche doctorale, menée par L. Betrancourt, dans le domaine de l’archéologie funéraire crétoise, appréhende les structures sociales des populations grecques, leur gestion de la Mort et des Morts, en prenant en compte l’environnement socio-politique particulier du monde hellénistique sur l’ensemble de l’île. De même, la thèse de B. De Potter analyse l’expression des émotions  sur les stèles funéraires archaïques et classiques en Attique et cherche à comprendre l’évolution de l’intérêt pour le rendu des sentiments à travers l’iconographie et l’épigraphie, en lien avec les structures sociales athéniennes. 
Parmi les pratiques sociales et artisanales que l’on voit se développer largement dans la société grecque archaïque, on notera également les signatures d’artisans (peintres, potiers, sculpteurs…). Quelle est la nature de la signature dans l’Antiquité ? Quel lien particulier révèle-t-elle entre l’artisan et son client ? En quoi l’examen des signatures (de leur graphie, de leur position, de leur formulation, etc.) permet-il de mieux comprendre les caractéristiques propres aux ateliers d’artisans ? Telles sont des questions posées dans le cadre de recherches menées au CReA-Patrimoine. De même, une base de données sur les signatures de sculpteurs actifs en Attique est en voie de constitution, dans le prolongement des travaux de Jean Marcadé à Delphes et à Délos.
Enfin, une large synthèse sur « Le monde des Grecs au VI^e siècle avant J.-C. » a paru à la fin de l’année 2024 aux Presses universitaires de Rennes qui rassemble, notamment, les travaux de plusieurs membres du CReA-Patrimoine et qui a été co-dirigée par D. Viviers. Ce fut l’occasion d’approcher la figure du soldat et les pratiques sociales liées à cette activité, mais aussi la place de l’écrit dans les sociétés grecques du VIe siècle, son rapport à l’oralité ou encore le rôle du texte dans l’affirmation d’une autorité. Cet ouvrage, dans la droite ligne des recherches menées au CReA-Patrimoine, met notamment en évidence l’importance des technai (techniques) dans le développement des communautés grecques de l’époque archaïque.

• Fr. Prost, J.-M. Roubineau & D. Viviers (dir.), Le Monde des Grecs au VI^e siècle avant J.-C., Rennes, P.U.R., 2024.
• V. Saripanidi, “Power Structures and Death Rituals in Archaic Lower Macedonia”, in: M. Gavranović et al. (eds.), The Mechanism of Power. The Bronze and Iron Ages in Southeastern Europe. Proceedings of the 3^rd PeBA Conference Held in Ohrid, 25-28 May 2022, Rahden 2024, 81-104.
• A. Tsingarida & D. Viviers, « Signing in the frame. Potters’ and painters’ signatures on Attic figure-decorated vases », in: D. Yatromanolakis (ed.), Inscriptions and Representations on Athenian Vases, Athènes: Eurasia Publications, 2024, 97-143
• D. Viviers, «Signer une œuvre en Grèce ancienne: pourquoi? Pour qui?», in : J. de La Genière (éd.), Les clients de la céramique. Cahiers du Corpus Vasorum Antiquorum, Paris, 2007, 137-150 ; pl. I-III : 231-233