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Archéologie en Afrique

Bref historique

Carte des recherches en cours et passées L’ULB est engagée dans des recherches archéologiques en Afrique subsaharienne depuis plusieurs décennies. Quelques figures d’autres disciplines s’intéressèrent à la préhistoire et à la protohistoire du continent lors de la période coloniale, mais les premières fouilles par des archéologues professionnels de l’ULB commenceront dans les années 1970. Au cours des décennies qui suivent, Pierre de Maret et ses équipes travailleront sur de nombreux sites en Afrique centrale, avec une attention particulière portée à l’interdisciplinarité (Histoire, anthropologie, linguistique historique, archéosciences). Plusieurs de ces sites deviendront des références continentales, toujours étudiés actuellement, comme les nécropoles de la dépression de l’Upemba, au sud-est de la République démocratique du Congo, ou la grotte de Shum Laka au Cameroun.

Dans les années 1990’, le cadre géographique s’élargit à l’Afrique de l’Ouest en même temps que se développent les recherches en technologie céramique. Des projets comme l’Action de recherche concertée (ARC) « Céramique et société » (1994-1999) et les travaux d’Olivier Gosselain et Alexandre Livingstone Smith vont contribuer à ancrer durablement ce domaine d’expertise à l’ULB. Au gré des projets et des thèses de doctorat, celui-ci s’est ensuite élargi au métal et aux matériaux textiles.

Actuellement, le CReA-Patrimoine, conjointement avec le Centre d’Anthropologie culturelle de l’ULB et le Musée royal de l’Afrique centrale, est engagé dans plusieurs projets interdisciplinaires relatifs à l’archéologie, l’histoire, le patrimoine et la culture matérielle, en collaboration avec d’autres institutions européennes et africaines.

Anthropologie et archéologie des techniques

Soft as silk. Connecting talc-based and woven inspired decorated ceramics production in West Central Africa between the 2nd and 17th centuries CE. (2024-2025).

  • Collaborative Research Project, Fondation Philippe Wiener – Maurice Anspach
  • Olivier Gosselain (Promoteur) et Nicolas Nikis (Co-promoteur), ULB
  • Marcos Martinón-Torres (Promoteur) & Carmen Ting (Co-promotrice), University of Cambridge

Le projet vise à mieux comprendre la relation entre les différentes communautés productrices de poterie décorée de motifs inspirés du tissage en Afrique centrale de l’ouest entre le 11e et le 18e s. CE et leur lien avec des traditions céramiques plus anciennes. En utilisant la méthode de la technologie comparée, les processus de fabrication seront reconstitués et comparés afin de déterminer si la ressemblance stylistique reflète seulement le goût pour le tissage parmi les royaumes et les communautés de la région ou des interactions plus étroites dans le temps et l'espace, comme des communautés de pratique. En outre, l'utilisation de talc dans la pâte présente des similitudes avec des productions datées des 1er millénaires BCE et CE. L'identification de caractéristiques techniques communes pourrait contribuer à mieux comprendre la transition - mal connue en raison d’un manque de données - entre deux périodes clés de l'histoire de l'Afrique centrale : les premiers villages liés à l'expansion bantoue et le développement des royaumes au cours du 2e millénaire CE.

 
Poterie de style "Dimba"
Fig. 1.  Poterie de style « Dimba », grotte de Dimba, Kongo Central, RDC, ca. 15e-17e s., collections MRAC PO.0.0.84912 (CC by 4.0 MRAC/A. Vral (photo), P. de Maret (dessin), N. Nikis (DAO))
 

History from Things and Techniques: Crossing the Present and the Past in Central Africa (2021-2031)


À l’Interface de l’anthropologie des techniques, de l’archéologie et de l’histoire, le projet HisTech aborde l’histoire de l’Afrique centrale à travers l’étude des techniques céramiques et métallurgiques.
Si de nombreuses sources sont disponibles pour reconstituer l’histoire des périodes récentes en Afrique centrale – documents écrits, objets, photographie, histoire orale -, seule la culture matérielle permet de documenter les périodes plus anciennes et d’investiguer les dynamiques sociohistoriques sur le temps long.
La poterie, omniprésente comme élément de la vie quotidienne, et les objets en cuivre et fer, métaux dont l’importance sociopolitique et économique a été depuis longtemps soulignée, sont les principaux éléments présents dans les assemblages archéologiques dans et autour du bassin du Congo et forment le cœur du projet. Celui-ci tente d’identifier des traditions techniques à partir de la comparaison et la cartographie de chaines opératoires actuelles ou du passé récent (fin 19e siècle – 20e siècle) reconstituées grâce à des interviews avec des artisans, des documents d’archives ou des collections muséales. Ces dernières permettent ensuite d’explorer la manière dont les artisans interagissent entre eux, mais elles peuvent également révéler des liens plus profonds avec différents types d’identités sociales. Dans un second temps, l’identification de traditions techniques sur base des données archéologiques, dont l’interprétation bénéficie du référentiel technique constitué par les données récentes, permet de détecter les continuités et ruptures de leur distribution spatiale dans le temps. Grâce à cette approche diachronique, il est possible d’identifier les changements à long terme de la culture matérielle et d’explorer les transformations sociohistoriques plus globales en Afrique centrale.

Montage au colombin des parties inférieures d'une céramique
Fig. 2.  Montage au colombin des parties supérieures d’une céramiques, Yakoma, Haut Oubangui,
RD Congo, 1938, collection MRAC Tervuren, AP0.2.1974 (CC-BY4.0 MRAC/H. Rosy,)
 
Préformage d'un récipient
Fig. 3.  Préformage d’un récipient, Bunkeya, région du Katanga, RD Congo, 2024 (Nicolas Nikis, juin 2024)

Archéologie de l’Afrique centrale

Au carrefour d’expansions bantu : les communautés riveraines du bassin Congo au présent et au passé, d’un point de vue linguistique, anthropologique et archéologique (BANTURIVERS) - (2019-2024).

L’expansion bantu, un thème de recherches concernant l’histoire précoloniale de l’Afrique centrale, réunit des scientifiques de différentes disciplines. Beaucoup d’études se concentrent sur les expansions initiales des sous-groupes bantu, qui selon certains auteurs seraient des agriculteurs toujours à la recherche de nouvelles terres tout en évitant la forêt équatoriale. On retrouve aussi cette thématique dans les recherches récentes sur le « Savannah Corridor ». Nous voulons étudier le carrefour de différentes expansions bantu au cœur de la forêt d’Afrique centrale, notamment la partie orientale du Bassin Congo (le fleuve Congo avec ses affluents en aval et en amont de Kisangani jusqu’à Kindu et Bumba). La région compte de multiples groupes linguistiques de souche bantu et autres, des identités ethniques complexes ainsi que des personnes pratiquant des stratégies de subsistance complémentaires. En considérant que l’agriculture est compliquée en forêt, nous voulons examiner le rôle des rivières en tant que sentiers en forêt ainsi que sources abondantes de protéines animales (poisson) dans le peuplement de la région par lesdites communautés linguistiques.

Le projet est multidisciplinaire et applique une approche intégrant la linguistique, l’anthropologie et l’archéologie afin d’étudier les communautés riveraines actuelles et historiques du bassin Congo. Les archéologues du projet construisent un cadre chronoculturel régional, extrêmement lacunaire jusqu’à présent, tout en s’intéressant aux variations techniques dans la céramique (y compris par des enquêtes anthropologiques) et aux pratiques de subsistance (archéozoologie et archéobotanique). La linguistique historique comparative offre un aperçu des relations historiques entre les communautés linguistiques par la classification des langues et l’étude de contact entre les langues. Elle permet aussi d’étudier du vocabulaire spécialisé afin de tracer l’histoire des techniques, instruments et connaissances des riverains. Les recherches anthropologiques incluent plusieurs mois de terrain concernant l’ethnoécologie, les réseaux de commerce et/ou d’échange, les aspects socioculturels de la vie riveraine, et l’ethnohistoire.

Céramique du site de Bakebena, Tshopo, RDC
Fig. 4.  Céramique du site de Bakebena, Tshopo, RDC, ca. 1er siècle BC-2e siècle AD, mission 2022 (Projet Banturivers/N. Nikis, 2024) 
 
Fosse coupée par l’érosion de la berge du fleuve Congo, Yaekama, région d’Isangi
Fig. 5.  Fosse coupée par l’érosion de la berge du fleuve Congo, Yaekama, région d’Isangi, RD Congo, 2023 (Projet Banturivers/N.Nikis, février 2023)

Bunkeya plurielle. Histoire et archéologie d’une capitale du 19e siècle au sud-est de l’Afrique centrale

  • Académie de recherche et d’enseignement supérieur (Ares), Projet Amorce (2024-2025)
  • Promoteur ULB et coordonnateur : Nicolas Nikis
  • Promotrice Université de Lubumbashi : Mandela Kaumba Mazanga ; Co-promoteur Université de Lubumbashi : Olivier Mulumbwa Luna
  • Promotrice Musée royal de l’Afrique centrale : Noemie Arazi

Le Copperbelt, riche région minière du sud-est de l’Afrique centrale, joue un rôle majeur dans l’économie et la politique de cette région d’Afrique depuis plusieurs siècles. Lieu de production de cuivre dès le 5e siècle de notre ère, le contrôle des ressources de cette zone a été un enjeu économique important pour les entités politiques régionales aux 18e et 19e siècles. Ce fut notamment le cas pour le royaume de Garenganze, ou Royaume Yeke, fondé dans la seconde moitié du 19e siècle par des immigrants Nyamwezi venant du centre de la Tanzanie avec comme but de contrôler le commerce régional et longue distance de certaines des ressources de la zone : le cuivre et l’ivoire. Bunkeya, sa capitale située actuellement dans la province du Lualaba en RDC, fut un carrefour politique et commercial majeur jusqu’à l’aube de la colonisation belge. Si l’organisation du royaume, tout à fait originale, emprunte à différentes traditions régionales, elle préfigure également par certains aspects les bouleversements politiques et économiques des époques coloniales et postcoloniales.

Malgré son importance, la période précoloniale au Copperbelt reste peu étudiée d’un point de vue historique et, surtout, archéologique, tandis que son patrimoine est gravement menacé par les activités minières. Face à ce constat, le projet Bunkeya plurielle a un triple objectif : 1) approfondir l’histoire du Copperbelt en mêlant sources archéologiques, sources documentaires et orales, étude du patrimoine matériel et immatériel en associant des artistes déjà actifs dans la zone et les communautés locales à travers des programmes de Citizen Science ; 2) renforcer la formation de terrain en histoire, patrimoine et archéologie à l’Université de Lubumbashi ; 3) initier une mise en réseau entre communautés locales et acteurs institutionnels impliqués dans préservation du patrimoine pour faire face aux enjeux posés par l’exploitation industrielle de la région. Par l’importance de son patrimoine et de son histoire tant pour ses habitants que pour la communauté académique nationale et internationale, Bunkeya et ses environs offrent un cadre de choix pour tester les différentes méthodes de travail à une échelle réduite avant de les appliquer à d’autres zones du Copperbelt. Le projet impliquera l’Université de Lubumbashi, l’ULB et le Musée royal de l’Afrique centrale.

Hughains Ntumba Ngeleka, étudiant à l’UNILU
Fig. 6.  Hughains Ntumba Ngeleka, étudiant à l’UNILU, enregistrant un site archéologique en prospections, ancienne agglomération de Bunkeya, Katanga, RDC, mission 2024 (N. Nikis, juin 2024)
 
Céramiques de surface, ancienne agglomération de Bunkeya
Fig. 7.  Céramiques de surface, ancienne agglomération de Bunkeya, Katanga, RDC, ca. Dernier quart 19e s. (N. Nikis, juin 2024)
Mis à jour le 2 septembre 2024