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Pétra (Jordanie)

La mission archéologique de l’ULB à Pétra s’emploie à documenter et étudier les espaces religieux de la capitale nabatéenne. En raison de l’inscription de la ville dans un environnement montagneux, les sanctuaires présentent une distribution significative dans un espace urbain élargi à diverses périphéries et, partant, une hiérarchisation marquée entre espaces publics et espaces privés. Ils comprennent ainsi, à côté des sanctuaires urbains, monuments emblématiques de la ville comme le Qasr al-Bint, temple construit à la fin du premier s. av. n.è. ou le temple anonyme dit aux lions ailés, quantité de petits sanctuaires périphériques de nature diverse (présentoirs à bétyles, oratoires, lieux de réunion d’associations), qu’il s’agit de caractériser. Les sanctuaires de Pétra ont fait l’objet d’une première étude globale menée par G. Dalman publiée en 1908, avec des compléments parus en 1912.

Outre une mise en perspective spatiale qui permet de relier les sanctuaires disséminés aux diverses tribus qui composaient la société pétréenne, cette exploration renouvelée des sanctuaires périphériques est justifiée par l’obsolescence des croquis de G. Dalman, auxquels il est encore systématiquement fait appel aujourd’hui par l’ensemble de la communauté scientifique, en dépit de leur notoire médiocrité. Un premier projet, financé par la Mission archéologique française de Pétra, a porté sur un sanctuaire tribal de la périphérie (« Chapelle d’Obodas »), fouillé en 2001 par L. Nehmé puis sous la direction de Laurent Tholbecq jusqu’en 2013 (Fig. 1).

Le triclinium d’Obodas, fouille de 2013
Fig. 1 : Le triclinium d’Obodas, fouille de 2013 (N. Paridaens)


Ces travaux ont abouti à la découverte d’un espace religieux et de réunion tribal qui a connu des développements structurels importants (trois phases majeures nabatéennes reconnues, dès le milieu du 2e s. av. n.è.), avant l’annexion du royaume nabatéen par Rome et la création de la Provincia Arabia en 106 de notre ère.

Cette recherche a justifié l’exploration en 2010 du sommet du Jabal Numayr, un sanctuaire de « haut lieu » topographiquement lié à la « Chapelle d’Obodas ». Cette ouverture à la problématique des sanctuaires de haut lieu a amené la mission archéologique de l’ULB à Pétra à débuter, en octobre 2012, en collaboration avec la mission archéologique française de Pétra, une exploration systématique du sommet du Jabal Khubthah. Celle-ci est à l’origine de découvertes inattendues : un môtab, présentoir à bétyle construit et inédit, une plateforme (temple ?) liée à un stibadium rupestre et surtout un spectaculaire et bien inattendu complexe thermal de hauteur (Fig. 2).
 

Les bains du Jabal Khubthah, campagne 2016
Fig. 2 : Les bains du Jabal Khubthah, campagne 2016 (Th. Fournet et N. Paridaens)

En octobre 2014, cette exploration s’est prolongée par l’étude d’un sanctuaire extra urbain, situé à la lisière méridionale de la ville (au Wadi Sabra) et dont l’existence pourrait se justifier – hypothèse de travail – par la perception de taxes caravanières municipales. Ces études (relevés et fouilles) permettent donc de déployer un nouveau modèle analytique des sanctuaires de la capitale nabatéenne et, partant, de proposer une lecture spatiale renouvelée de l’ensemble des espaces religieux de Pétra.
 
La mission archéologique de l’ULB à Pétra a ensuite mené plusieurs recherches spécifiques autour des théâtres de Pétra. Le théâtre du sanctuaire du Wadi Sabra a été fouillé, ainsi qu’un petit caravansérail (mansio) adjacent, témoignant de la transformation du théâtre en espace d’appoint pour un détachement militaire installé dans les ruines du caravansérail transformé en fortin (fig. 3).
 
Plan du sanctuaire du Wadi Sabra, relevé octobre 2014
Fig. 3 : Plan du théâtre et du caravansérail/fortin avec l’emplacement des secteurs fouillés en 2018 (en jaune), en 2021 (en bleu) et en 2022 (en rouge) (Relevés N. Paridaens, L. Tholbecq, B. Van Nieuwenhove, P. Thiolas ; Fond de plan S. Delcros, W. Abu Azizeh, P. Rieth, L. Vallières ; DAO N. Bloch, M. Kurdy & N. Paridaens).

De la même manière, deux campagnes de documentation du grand théâtre de Pétra ont été menées en 2022 et 2023. Elles visaient à reprendre un dossier laissé en déshérence depuis le dégagement du théâtre en 1961-1962 par le Département des Antiquités de Jordanie et la restauration mal documentée de son bâtiment de scène. Ces travaux permettent de réinterpréter les sondages menés à l’époque par Ph. C. Hammond (fig. 4).
 
Le théâtre de Pétra
Fig. 4 : Le théâtre de Pétra (N. Paridaens, 2023).

En 2023, une campagne d’étude de plusieurs podiums cultuels de présentation de bétyles (Madhbah, Khubthah) et d’un ensemble de niches du Sidd alMaʿjīn, a été menée en collaboration avec Micheline Kurdy (Ifpo / Amman) et Patrick Michel (Université de Lausanne). (Fig. 5)

 
 Le Sidd alMaʿjīn. Niches 1597-1607
Fig. 5 : Le Sidd al Maʿjīn. Niches 1597-1607 (2023).

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