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Projet BÂTI

Convention pour l’étude archéologique et historique du patrimoine architectural Ancien Régime en Région de Bruxelles-Capitale (RBC) 

François Blary (dir.), Sylvie Byl, Paulo Charruadas, Benjamin Van Nieuwenhove 

Depuis le mois de juillet 2023, la nouvelle convention BÂTI a pris la suite du projet Brussels Archaeological Survey (urban.brussels-ULB) dédié à l’étude des caves et salles basses en Région de Bruxelles-Capitale (2017-2023). Fort des premiers résultats ainsi obtenus et d’une réflexion sur les modalités d’intervention archéologique comme d’une volonté d’agrandir la focale du travail d’analyse, l’équipe du CReA-Patrimoine de l’ULB et la direction du Patrimoine culturel (DPC) de l’administration régionale urban.brussels ont redéployé la convention sous l’intitulé BÂTI avec pour ambition d’appréhender les bâtiments dans leur globalité, de fonds en combles.

L’archéologie du bâti est aujourd’hui une discipline de premier plan en Région de Bruxelles-Capitale. La pression immobilière et la mise en place d’une réglementation urbanistique régionale inscrivant l’archéologie dans les processus de rénovation et de restauration du patrimoine immobilier ont nécessité un essor très important de la discipline. Cette nouvelle dimension de la recherche bruxelloise est reconnue à l’échelon scientifique européen. 


Les objectifs opérationnels

 
Le projet BÂTI, qui se place résolument à la croisée de l’archéologie et de l’histoire, s’attache à trois grandes missions opérationnelles. D’une part, l’équipe du projet assure le suivi des chantiers de restauration du patrimoine architectural antérieur à 1800 et la réalisation corollaire des opérations d’archéologie préventive, à la demande de la DPC. L’équipe fournit également un soutien logistique (relevés topographiques, planimétriques et orthophotographiques) et scientifique aux équipes réalisant des recherches archéologiques en RBC (fig. 1). D’autre part, il consiste en des recherches historiques dans les fonds d’archives bruxelloises en vue d’apporter un contrepoint aux opérations d’archéologie préventive. Enfin, il assure avec la DPC la diffusion, la sensibilisation et la valorisation auprès de tous les publics des résultats obtenus dans le cadre du projet.    

Vue axonométrique des caves de deux maisons étudiées rue du Marché-au-Charbon à Bruxelles
Fig. 1. Vue axonométrique des caves de deux maisons étudiées rue du Marché-au-Charbon à Bruxelles © urban.brussels-ULB 


Les objectifs scientifiques

 

Par une approche archéologique et historique des bâtiments à l’étude – essentiellement le bâti urbain conservé – l’équipe du projet vise plusieurs objectifs scientifiques. D’une part, elle entend poursuivre le développement des typochronologies existantes sur les structures architecturales et les matériaux mis en œuvre (essentiellement la pierre, la brique, les mortiers, le bois dans une moindre mesure faisant l’objet d’un programme parallèle) (fig. 2). D’autre part, une attention particulière est portée à la structuration des espaces bâtis, à leurs équipements et à l’inscription parcellaire des sites étudiés dans le tissu urbain. L’exploitation des fonds d’archives spécifiques permet d’apporter à ces données une aide à la datation, mais aussi et surtout des informations de nature sociale, sur les commanditaires, les propriétaires et les occupants (fig. 3). Le projet entend capitaliser ces recherches pour envisager les dynamiques socioéconomiques des quartiers, les contextes toponymiques des maisons (les enseignes et les fonctions des maisons) et leur rapport à la voirie. Dans ce cadre méthodologique, l’îlot d’habitations forme un point d’ancrage topographique très important. Ce découpage correspond au mieux avec les objectifs fixés, notamment pour l’étude du parcellaire ancien et du réseau viaire. Le projet doit enfin contribuer à la mise en place d’une cartographie des informations dans le SIG régional (© BruGIS), permettant de caractériser spatialement et de mieux comprendre le tissu urbain bruxellois dans la diachronie, notamment la fixation du parcellaire médiéval.  
 

Maison rue des Éperonniers. Mur de fond de parcelle associant différentes maçonneries s’échelonnant de la fin du Moyen Âge au xixe siècle
Fig. 2. Maison rue des Éperonniers. Mur de fond de parcelle associant différentes maçonneries s’échelonnant de la fin du Moyen Âge au xixe siècle © urban.brussels-ULB 

Folio d’un Wijckboeck des xviie-xviiie siècles contenant des actes fonciers portant sur le bâti ancien bruxellois
Fig. 3. Folio d’un Wijckboeck des xviie-xviiie siècles contenant des actes fonciers portant sur le bâti ancien bruxellois © Archives de l’État à Bruxelles

D’une manière plus spécifique, ces développements constitueront des outils qui rejoignent les objectifs fixés par les Atlas du sous-sol archéologique de la RBC et aideront ainsi les gestionnaires patrimoniaux à mieux dater et appréhender les édifices. Par ailleurs, ils doivent permettre la mise à jour de l’inventaire du patrimoine monumental de Bruxelles. Pour les Bruxellois, il doit aboutir à la présentation d’une synthèse originale de l’histoire et de l’évolution matérielle de leur ville à travers des expositions, des conférences, des visites guidées et des publications grand public (fig. 4).  

L’équipe lors des visites guidées des Urban Archaeology Days
Fig. 4. L’équipe lors des visites guidées des Urban Archaeology Days © urban.brussels-ULB 

Enfin, l’intégration d’étudiants en histoire de l’art, archéologie et histoire permet de placer le projet au cœur de la formation des gestionnaires du patrimoine de demain. Le projet est en effet l’occasion pour ces étudiants de s’initier à la pratique archéologique et historique et d’être confrontés aux réalités de terrain. Il permet également de développer des études sur Bruxelles au travers de travaux de fin d’études, de mémoires et de thèses prenant pour cadre le patrimoine archéologique et immobilier de la ville-région (fig. 5). 

 

Accueil sur chantier des étudiant.e.s de l’ULB lors de leur stage d’archéologie
Fig. 5. Accueil sur chantier des étudiant.e.s de l’ULB lors de leur stage d’archéologie © urban.brussels-ULB 

Orientation bibliographique

 

  • Blary F., Charruadas P., Sosnowska P. et Van Nieuwenhove B., « Bruxelles. Renouvellement de l’histoire matérielle de la ville grâce à l’étude historique et archéologique des caves et salles basses, du Moyen Âge à la période industrielle (Brussels Archaeological Survey - BAS) », Bulletin Monumental, 176, 4, 2018, p. 339342. 
  • Blary F., « Conclusion. Archéologie du bâti. Aujourd’hui et demain », dans Sapin C., Bully S., Bizri M. et Henrion F. (dir.), Archéologie du bâti. Aujourd’hui et demain. Actes du colloque ABAD (Auxerre, 10-12 octobre 2019), Dijon, 2022, p. 597-602. 
  • Charruadas P., Sosnowska P., Modrie S. et Van Nieuwenhove B., « L’archéologie de la maison médiévale et post-médiévale en Région de Bruxelles-Capitale (Belgique). Programmes de recherche, cadres méthodologiques, opérations préventives », dans Sapin C., Bully S., Bizri M. et Henrion F. (dir.), Archéologie du bâti. Aujourd’hui et demain. Actes du colloque ABAD (Auxerre, 10-12 octobre 2019), Dijon, 2022, p. 243-280. 
  • Charruadas P. et Sosnowska P., « La ville de bois, de pierre et de brique. La « pétrification » de la maison urbaine du point de vue des parcelles (Bruxelles, XIIIe-XVIe siècles) », Aedificare, 9, 1 (Pierre et dynamiques urbaines), 2021, p. 165197. 
  • Charruadas P., Cremer S., Hoffsummer P., Modrie S., Sosnowska P. et Weitz A., « Wood Used in Brussels’ Old Buildings: Origin, Characterisation, and Use (12th–19th Centuries) », International Journal of Wood Culture, 2, 2023, p. 86122. 
  • Dabas M., Blary F., Catanzariti G., Charruadas P., Flageul S., Van Nieuwenhove B., Sosnowska P. et Tabbagh A., « The Challenge of Urban Archaeological Geophysics: the Example of Grand’Place in Brussels, Belgium », dans Bonsall J. (dir.), New Global Perspectives on Archaeological Prospection. 13th international Conference on Archaeological Prospection (28 août-1er septembre 2019, Sligo, Irlande), Summertown, Archaeopress, 2019, p. 2731.
Mis à jour le 6 février 2024